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La théorie du continuum nation-Etat

La théorie du continuum nation-Etat étudie les principes du comportement asymptotique des sociétés au voisinage de la complexité ou du chaos. Le concept du continuum nation-Etat désigne l’Etat moderne, l’état de droit, ou la démocratie au sens moderne du terme. Le continuum nation-Etat qualifie un Etat dont la finalité est de garantir le bien-être et la protection de chaque individu sans exclusive aucune. La théorie du continuum nation-Etat introduit d’emblée de nouveaux concepts stratégiques, dont le continuum nation-Etat qui est une évolution du continuum individu-nation. Néanmoins, le concept du continuum nation-Etat se différencie foncièrement de celui d’Etat-nation. Mieux connu et surtout très répandu, ce dernier revêt généralement une connotation plutôt péjorative et contraire aux principes fondamentaux du continuum nation-Etat qui exclut tout sentiment nationaliste ou d’ethno-Etat. Le continuum nation-Etat et l’Etat-nation demeurent fondamentalement distincts. Ainsi se termine tout rapprochement entre le concept du continuum nation-Etat et celui d’Etat-nation.

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La théorie du continuum nation-Etat ne charrie aucune charge idéologique à proprement parler. La section (3.1.2.4) de l’assai mentionné ci-dessus qui traite de l’idéologie et des partis politiques, tente de manière plus intelligible d’expliquer l’assertion précédente. Ainsi, la théorie du continuum nation-Etat constitue une plate-forme polymorphique abondante et consistante dans laquelle peuvent puiser - dans la mesure où ils se repentent - les adeptes de slogans vides, mal ou non articulés, tels que la conférence nationale, le nouveau contrat social, les états généraux, etc.

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L’édition courante de la théorie du continuum nation-Etat met délibérément l’emphase sur sa formulation descriptive. Cette démarche permet de mieux adresser les exigences conjoncturelles, elle cherche à élever les débats pour atténuer l’ambiance délétère d’Haïti. La formulation mathématique plus rigoureuse s’adressant à un public plus limité fait l’objet d’une prochaine édition. En effet « Tout est mathématique » dit Gottfried Wilhelm Leibniz, « Dieu est le premier et le plus grand des mathématiciens » poursuit-il. La théorie du continuum nation-Etat est à la politique ce que la « théorie du tout » est la physique, sans ravir au mathématicien français René Thom le mérite d’avoir tenté d’étendre sa « théorie des catastrophes » - pourtant essentiellement mathématique -, aux sciences sociales ou descriptives dont la sociologie. 

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A l’instar de toute théorie scientifique, la théorie du continuum nation-Etat pioche profondément dans le puits de la mathématique. Elle tâche notamment de concilier la politique et de nombreuses théories mathématiques plus ou moins récentes. Les sociétés constituent et sont constituées de systèmes complexes. Par conséquent, les théories qui traitent ou qui modélisent à la fois ces systèmes et leur évolution n’en demeurent pas moins complexes.

La notion d'asymptote

Revenons sur la définition de la théorie du continuum nation-Etat qui étudie les principes du comportement asymptotique des sociétés au voisinage de la complexité ou du chaos. La notion d’asymptote mérite néanmoins un peu d’attention.

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On appelle asymptote d’une ligne courbe, une autre ligne droite ou courbe dont elle s’approche sans cesse sans pouvoir jamais se toucher. Sans rentrer dans la géométrie analytique, simplement dit, une situation asymptotique désigne celle où la branche infinie d’une courbe flirte avec une autre ligne qui porte ainsi le nom d’asymptote ; à mesure que les deux lignes tendent vers l’infini, la distance entre elles tend vers zéro. Ainsi, avec c, alors la courbe [curve, en anglais] représentative de la fonction f admet une asymptote verticale d'équation x = c, comme indiqué à la figure suivante.

Une asymptote

La notion de limite

Confronté à une séquence d’évènements quelconque, l’individu rationnel s’intéresse généralement et tout naturellement à la question de l’évolution du phénomène observé. Va-t-il finir par se stabiliser dans un certain état, se répéter indéfiniment, ou va-t-il afficher un comportement d’apparence plus ou moins aléatoire ? Si l’on considère par exemple le mouvement de la terre autour du soleil, l’on constate que les positions de celle-ci se répètent après environ 365 jours, l’on dit alors que ce mouvement est périodique. Si l’on regarde un pendule, avec le frottement il finira toujours par se rapprocher de plus en plus de la position d’équilibre [tête en bas], l’on dit que ce mouvement converge vers une position d’équilibre.

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Ce genre de questions ne se pose pas uniquement à propos de phénomènes physiques, il s’applique aussi à des « constructions mentales ». Au lieu d’abonder dans des analyses trop mathématiques, essaie-t-on de se montrer un peu plus indulgent. L’on se déplace alors du domaine purement abstrait pour considérer le très banal exercice suivant, mais qui se glisse rapidement du banal à l’abstrait.

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Si par exemple l’on remplit à moitié un verre, puis l’on remplit encore à moitié la partie restée vide. Si l’on répète cette opération encore et encore, c’est-à-dire suivant un nombre illimité de fois (voir figure suivante), va-t-on finir par remplir tout le verre ? En mathématique ou dans le domaine du calcul infinitésimal, la conclusion est sans appel, mais graphiquement, l’on semble bien se douter de la conclusion.

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Si l’on se focalise un peu sur le problème, l’on constate que l’espace resté vide dans le verre est de plus en plus petit et on le remplit à chaque fois de moitié. Il reste ainsi à savoir si le verre finira ou non par se remplir, dans la mesure où l’on répète l’opération pendant un nombre infini de fois.

Notion_de_limites_1.png

En langage pseudo mathématique, le problème peut se traduire comme suit. L’on commence par remplir le verre à moitié, donc      est plein et   est vide. A la seconde étape, l’on remplit la moitié du volume vide, c’est-à-dire la moitié de la moitié du verre c’est-à-dire   . Ainsi,    du verre est plein et    est vide. Ensuite, à la troisième étape, l’on remplit   de ce qui est vide, c’est-à-dire que l’on ajoute   de liquide, ce qui donne que du verre est plein tandis que    est vide (voir fig. suivante).

Si l’on continue de la sorte, l’on se rend compte qu’à la nième étape, la portion    du verre est pleine et  reste encore vide.

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Que faut-il conclure dans ce formalisme ? C’est-à-dire à la question de savoir si l’on finira ou non par remplir le verre.  L’on constate simplement que la partie pleine se rapproche de la totalité du verre, c’est-à-dire que    se rapproche de 1 lorsque n devient infiniment grand. De manière plus succincte, l’on écrit que la « somme infinie » de tous les   , quand n = 1,2, …, vaut 1 ; ainsi :

Notion_de_limites_2.png

L’exercice précédent pourrait considérer le remplissage successif de 1/3, de 1/4, ou de n’importe quelle proportion, la conclusion serait tout à fait similaire. L’on admet que la courbe et l’asymptote ne se toucheront jamais, aussi bien que le verre ne sera jamais totalement rempli.

Alors d’où vient cette référence à la complexité ou au chaos ?

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Le rapprochement entre ces observations et la condition dite asymptotique du comportement des sociétés au voisinage de la complexité ou du chaos renvoi à un éventuel éclatement des frontières entre la réalité et la perception. Alors que le robot ou l’intelligence artificielle tient strictement compte de la réalité, c’est-à-dire aux données infinitésimales ou aux résultats mathématiques, un agent humain même rationnel est souvent influencé par sa perception. Le marché bousier en fournit une belle illustration lorsque ces deux catégories d’agents (robots et humains) sont en collaboration ou en compétition. Ainsi la théorie du continuum nation-Etat réconcilie les deux théories fondamentales de gouvernance : le modèle conceptuel formel de gouvernance qui découle de la cybernétique, couplé au modèle organique ultime de gouvernance qui découle de la théorie de l’évolution des systèmes complexes adaptifs. L’on reviendra plus loin sur cette proposition.

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Nouvelle théorie, nouveau paradigme

La théorie du continuum nation-Etat s’inspire en partie de la théorie quantique tandis que le tout nouveau concept du continuum nation-Etat est nommé d’après le concept du continuum espace-temps. Soutenant que l’espace ni le temps ne sont point absolus, le téméraire et populaire physicien Albert Einstein s’affranchit ainsi des limites de la gravitation universelle du sir Isaac Newton, bousculant du coup une suprématie vieille d’un quart de millénaire dans le domaine de la physique, où les forces s’exprime en newton (N) ; les masses m en kg et la distance r en mètres.

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G est la constante de gravitation universelle G = 6,67.10–11 SI (unité du système international)

Les forces d’attraction gravitationnelle sont de même direction, de sens opposés et de même valeur

Dans le paradigme newtonien, l’espace et le temps désignent des entités indépendantes, absolues. Ainsi convenait-il de mentionner la position d’une particule en faisant abstraction du référentiel. Dans le paradigme post-newtonien, le temps comme l’espace obéit à la gravité. Dans une situation gravitationnelle donnée, l’espace se courbe et le temps s’accélère, la courbature de l’espace-temps révèle ainsi l’indissociabilité de l’espace et du temps. La physique post-newtonienne unifie les deux concepts en une structure intégralement intriquée à quatre dimensions dont trois pour l’espace et une pour le temps, dénommée continuum espace-temps.

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La théorie du continuum nation-Etat participe de cette approche holistique ou systémique née du paradigme cybernétique ou post-newtonien. Suivant ce modèle, la notion d’Etat et celle de nation sont indissociables, elles influent l’une sur l’autre. C’est-à-dire que toute action sur l’une affecte l’autre, et toute action en un point quelconque affecte l’ensemble. La biologie, autant que l’économie ou la politique relèvent de systèmes dits complexes. Le continuum nation-Etat étant un système biologico-économique ou politico-biologique, il figure ainsi parmi les systèmes les plus complexes de l’univers observable. La modélisation ou l’abstraction du continuum nation-Etat favorise ainsi l’analyse des politiques publiques, et la compréhension ou l’étude de modes d’organisation politique telle que la tyrannie, l’aristocratie, la démocratie, etc.

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Qu’en est-il alors de l’individu ?

Le continuum nation-Etat constitue une évolution du continuum individu-nation. L’individu est dans la nation comme la nation est dans l’individu. C’est l’individuation patriotique. Inventé par le psychiatre suisse Carl Jung (1875-1961), le concept d’individuation relève de la psychologie analytique. Dans la théorie du continuum nation-Etat, ce concept a nettement évolué, il relèverait davantage du concept mieux connu en physique désigné par « l’intrication quantique ». Ainsi, l’individuation fait abstraction totale du caractère ou du faciès de l’individu. La différence entre les individus ne fait aucune différence. C’est l’égalité la plus stricte, la plus parfaite, et la plus fonctionnelle. Il en résulte que l’individu ou le citoyen s’identifie spontanément et naturellement à l’Etat. Si l’Etat est menacé, l’individu se sent tout aussi menacé, il le défend, et vice versa. Autrement dit, si l’individu est menacé, l’Etat le défend. «Nous serons attaqués ce matin...Je ne veux garder avec moi que des braves », dixit le fondateur de la patrie Jean Jacques Dessalines.

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Cette modélisation permet sans doute de prévenir et de contrôler toutes velléités de monopoliser l’Etat au détriment de la nation ou de l’individu. Elle permet aussi de mieux saisir et d’analyser le délabrement ou la déliquescence d’Haïti, où l’Etat s’est fait prédateur face à l’individu qui y voit un ennemi, déclenchant ainsi un cercle vicieux de méfiance, de violence, et de turbulence : action-réaction.    

Le Continuum nation-Etat.jpg

  Le Système du continuum nation-Etat

De la théorie simple des types

Lors du congrès international de mathématique tenu à Paris en 1900, le mathématicien Allemand David Hilbert (1862-1943) expose sa vision et une liste de problèmes mathématiques alors non résolus. Il imprime ainsi une impulsion décisive au développement de la mathématique et de la logique au cours des années, voire des décennies qui suivent. Dans la série des challenges d’Hilbert, le second consiste à démontrer que la mathématique est cohérente.

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De nombreux mathématiciens saisissent l’opportunité et en profitent pour se sous le feu de la rampe et surtout pour contribuer à l’enrichissement ou à l’évolution de la logique et de la philosophie de la mathématique. Parmi les plus illustres figure aujourd’hui le Britannique Bertrand Russel (1872-1970), il est l’auteur des trois volumes de l’ouvrage intitulé « Principia Mathematica ».

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Un autre mathématicien, nom moins illustre, qui est l’Austro-Hongrois Kurt Gödel (1906-1978) alors étudiant en mathématique, élabore en 1931 les théorèmes d'incomplétude. Gödel avance que le deuxième challenge d’Hilbert ne peut être démontré sans sortir du domaine de la mathématique, il propulse ainsi la notoriété du concept de métalangage qui se base sur la « théorie simple des types » de Bertrand Russell.

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 Le métalangage désigne le langage de description d'un autre langage formel ou informatique. Il définit les concepts du domaine considéré, sans être dans le domaine lui-même. Ainsi, un système d’information comporte deux couches d’information, la méta-information et l’information proprement dite. La méta-information désigne de l’information à propos de l’information ; elle constitue de l’information à part entière et n’en demeure pas moins importante. Ce modèle s’observe par ailleurs dans tous les systèmes complexes.

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En effet, la gouvernance d’un système comporte deux couches, la méta-gouvernance et la gouvernance proprement dite. La méta-gouvernance désigne la gouvernance de la gouvernance. La méta-gouvernance fait partie intégrante du système, autrement dit de la conception, de la structure et du comportement du système. La méta-gouvernance détermine l’espace objectif, c'est-à-dire l’ensemble des objectifs possibles, tandis que la gouvernance oriente la poursuite de l’objectif favorable ou de la finalité. La méta-gouvernance constitue l’interface entre la gouvernance et le système considéré. La résultante de leur interaction s’apparente à une fonction logique de type « et ». Ainsi, si l’une ou l’autre échoue, le résultat est un échec, d’où : 1x0 = 0x1 = 0x0 = 0. Si l’objectif poursuivi n’appartient pas à l’espace objectif du système, la gouvernance est vouée à l’échec. Néanmoins, le cas contraire ne constitue nullement une garantit d’accomplissement. Seule une gouvernance efficiente qui résulte d’une harmonieuse interrelation avec la méta-gouvernance, où l’objectif poursuivi appartient à l’espace objectif, détermine le succès du système, d’où : 1x1=1

Meta-Gouvernance-Diagram.png

Abstraction ou modélisation du processus de gouvernance

Etant un système complexe adaptif, le continuum nation-Etat s’auto organise, évolue, et s’adapte. L’emphase est mise plus loin sur l’aspect non-linéaire du continuum nation-Etat. En tant que système à part entière, le continuum nation-Etat est néanmoins doté d’un cycle de vie ou d’évolution qui comporte trois stades distincts : naissant, viable et accompli.

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Toute ressemblance entre les principaux stades de l’évolution du continuum nation-Etat et la classification générale des Etat sur la seule base de leur économie n’est que fortuite. Cette classification est surtout l’apanage des institutions de la conférence de Breton Woods. Peut-on vraiment s’en passer ? La réponse est malheureusement non. Qu’en est-il alors ?

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Abstraction faite des Etat dits en déliquescence, qualifiés aussi de moins avancés ou de sous-développés, les Etats sont généralement répartis en trois catégories, ceux dits en développement, ceux possédant une économie dite émergeante, et ceux jouissant d’une économie développée. Il n’existe pratiquement nulle définition intelligible voir consistante de la classification générale derrière laquelle se rangent l’Organisation des nations unies ou les agences telles que la Banque mondiale et le Fond monétaire international.

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L’évolution du continuum nation-Etat

Le stade naissant du continuum nation-Etat implique au minimum la mise en place de structures fondamentales garantissant un Etat moderne, c’est-à-dire l’état de droit (réf. : 3.2.1.2). Le continuum nation-Etat est moderne, ou il n’est point. Le continuum nation-Etat est viable, s’il est à la fois moderne et autonome. L’autonomie du continuum nation-Etat désigne le seuil de développement économique garantissant au moins un produit intérieur brut per capta de douze mille dollars, à parité pouvoir d’achat. L’étape de viabilité franchie, le continuum nation-Etat pénètre un nouveau stade où il devient éventuellement accompli.

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L’accomplissement du continuum nation-Etat désigne le seuil de développement économique garantissant au moins un produit intérieur brut per capta de trente mille dollars, à parité pouvoir d’achat.  Contrairement aux deux premiers stades de l’évolution du continuum nation-Etat, le troisième ne comporte pratiquement aucune borne supérieure. A l’instar des concepts d’éternité, de perfection, etc., le stade dit accompli du continuum nation-Etat, tend plutôt vers un état ou une certaine condition asymptotique.

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Le concept d’individuation confère une propriété non supplémentaire mais plutôt fondamentale à la théorie du continuum nation-Etat, qui est celle de pouvoir s’adapter à des échelles diverses. En effet cet ouvrage se focalise sur la gouvernance des Etats. Néanmoins cette théorie convient aussi bien à des organismes ou des institutions de taille plus réduite comme les organismes ou sociétés privés ou non-gouvernementaux.  Les images vectorielles illustrent assez bien cette propriété. L'image vectorielle est dépourvue de matrice. Elle est créée à partir d'équations mathématiques, et chaque forme dépend des paramètres hauteur, largeur et rayon donnés à des vecteurs. A l'inverse de l'image matricielle composée de pixels, l'image vectorielle peut être redimensionnée sans pour autant perdre en qualité. Ces considérations doivent sans doute faire l’objet d’un autre ouvrage consacré à la gouvernance des organismes non-gouvernementaux ou privés suivant les principes de base de la théorie du continuum nation-Etat.

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De l’infrastructure du continuum nation-Etat

Sur le plan strictement abstrait, le continuum nation-Etat est doté de certaines propriétés dont une identité, une structure, et des comportements orientés finalité. La finalité du continuum nation-Etat est la modernisation de l’Etat. Cette finalité coiffe un sous-espace de systèmes dont les finalités sont : l’état de droit, la souveraineté, la modernisation sociale, et la modernisation économique.  Les détails de ces propositions s’étalent un plus loin (réf : 3.2), car le présent segment se focalise sur la présentation de la fiche signalétique du continuum nation-Etat.

Différents courants de pensée ou différentes écoles se sont prononcés sur des concepts tels que la nation, l’Etat, etc. Il ne fait cependant aucun doute qu’ils suscitent encore d’innombrables et d’incessantes controverses théoriques, voire doctrinales. Au-delà de leur caractère polysémique, ou relativiste certaines fois, il demeure néanmoins important, notamment pour le lecteur, de savoir à quoi s’en tenir. N’en déplaise au philosophe français Raymond Aron qui dit : « Quand on a l’impression de comprendre, l’on doit toujours s’inquiéter. »

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Fiche signalétique du continuum nation-Etat

Toute proportion gardée, la fiche signalétique d’un système est semblable à la carte d’identité d’un individu, d’un organisme ou d’une société quelconque. Le continuum nation-Etat d’Haïti est doté des propriétés suivantes.

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Une identité : Haïti

L’identité du système, abstraction faite de la dénomination, est invariable, aussi l’identité d’un citoyen reste invariable même s’il a la faculté de changer de nom ou autres coordonnées. Ainsi, dans certaines procédures juridico-administratives, indiquer ou décliner ses nom et prénoms ou y apposer son paraphe tient souvent lieu d’attestation. La dénomination suit l’identité, non l’inverse. Plusieurs citoyens peuvent partager un même nom, celui-ci est pour ainsi dire accessoire.

 

Une Structure :

  • L’Etat

  • La nation

 

La structure détermine l’interaction ou la relation entre les différentes composantes (propriétés ou variables) du continuum nation-Etat. En vertu de la dynamique des systèmes, tout comportement du continuum nation-Etat est une conséquence de sa structure. Autrement dit, sa structure détermine à la fois son accomplissement ou son échec.

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La notion d’Etat tel qu’indiqué plus haut, dans le contexte de la structure du continuum nation-Etat, réfère à l’Etat dans son état primitif qui revêt une connotation plutôt extrêmement réduite. C’est-à-dire un territoire peuplé et indépendant, compte tenu de ses ressources et de ses limites territoriales. Cependant, dès que le système est proprement constitué et en marche, le concept d’Etat évolue et connait des propriétés et des comportements propres qui rappellent, s’il en était besoin, que les composantes d’un système complexe adaptif sont aussi des systèmes complexes adaptifs.

La constitution, par exemple, évolue avec les feedbacks résultant de l’interaction entre les différentes composantes du continuum nation-Etat. Il en va de même des pouvoirs politiques ou constitutionnels tels que le législatif, l’exécutif et le judiciaire, c’est-à-dire que leurs comportements aussi évoluent.

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Le vocable de nation ou de société, tel qu’il est précédemment mentionné, entend mettre l’emphase sur ce qui constitue à la fois l’Etat et les pouvoirs, c’est-à-dire les individus ou les citoyens. Ces derniers sont membres à part entière de la société, et non de la société civile seulement. Les citoyens ou les représentants de la société qui font partie des pouvoirs publics et d’autres institutions ou organismes doivent se montrer tout aussi concernés et indignés quand les pouvoirs faillissent ou qu’ils s’éloignent de leur finalité ou de leurs comportements [favorables]. Autrement dit, l’individu est le fondement de la nation, de l’Etat ou des pouvoirs. Rien de tout cela n’existerait sans l’individu. « Ô grand astre ! Quel serait ton bonheur, si tu n’avais pas ceux que tu éclaires ? », écrit Nietzsche dans son livre intitulé : « Ainsi parlait Zarathoustra ». L’individu doit être imbu de ses pouvoirs dans l’enclos de ses responsabilités, cet équilibre n’est pas seulement nécessaire, c’est une condition sine qua non.

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L’individu est au service de l’Etat, autant que celui-ci est au service de l’individu, il le protège et le défend. Un Etat faible, médiocre, pitoyable, failli reflète tout simplement la faiblesse, médiocrité, le misérabilisme et la faillite de l’individu. Conformément à la théorie de l’évolution des systèmes complexes adaptifs, dans son rôle d’agent ou d’acteur, l’individu est à la fois un observateur et un observé.

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Les héros de l'indépendance ont fait Haiti, faisons maintenant des Haitiens

Tant qu’Haïti cesse d’exister, les spoliateurs se régaleront, et de nombreux peuples et communautés à travers le monde en pâtiront. Haïti existait jadis. Deuxième Etat souverain de l’hémisphère, Haïti fut le leader de la région. Certains peuples d’Amérique latine lui en sont toujours reconnaissants. Même les plus ingrats ne doivent leur indépendance qu’aux valeureux Haïtiens de la glorieuse époque. Jusqu’à la seconde moitié du 20e siècle, Haïti a été à tous les rendez-vous internationaux. L’admiration que lui témoignent des peuples africains, et des communautés afro-américaines d’Amérique du nord est très sincère.

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La notion de condition initiale de la théorie du chaos est mieux connue sous le nom « d’effet papillon » ; c’est un phénomène qui génère une chaîne d'événements qui se suivent les uns les autres et dont le précédent influe sur le suivant. Selon ce principe, si Haïti n’avait jamais existé, l’on n’aurait sans doute pas eu Martin Luther King ni Nelson Mandela ; et le premier Président afro-américain des Etats-Unis aurait pu être plutôt encore esclave. Ce dernier a pourtant visité le monde, ignorant le berceau de [sa] liberté. Faut-il lui en vouloir après tout ? Lorsque le Président et le Premier ministre d’Haïti se montrent si heureux de se rendre aux bureaux du ministre américain des affaires étrangères [Secretary of State], tout afro-américain imbu du rôle d’Haïti dans l’histoire du nouveau monde doit se sentir humilié, voire trahi. Donc Obama se sent trahi par ces Haïtiens qui sans aucune gêne ne cessent de trahir Haïti.

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Le défi de la modernisation d’Haïti

Le 12 septembre 1962, au stade du campus de l’université RICE, John Fitzgerald Kennedy s’exprime en ces termes : « Nous choisissons d'aller sur la lune au cours de cette décennie et d’accomplir tant d’autres choses, non pas parce que c’est facile, mais justement parce que c’est difficile, parce que cet objectif servira à organiser et à mesurer le meilleur de notre énergie et de notre savoir-faire, parce que ce défi est celui que nous sommes disposés à relever, que nous ne voulons pas reporter, et que nous sommes disposés à remporter... »

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La modernisation d’Haïti constitue un défi non moins rocambolesque que celui remporté deux siècles plutôt par les fondateurs de la patrie, c’est-à-dire la création de l’Etat. A l’instar des héros de l’indépendance, les Haïtiens d’aujourd’hui doivent relever ce nouveau défi qui est de léguer un Etat moderne aux générations futures, et surtout afin de redonner espoir aux autres peuples ou communautés qui jadis prenaient Haïti pour modèle mais qui aujourd’hui comme Haïti, sombrent dans l’obscurantisme et dans l’archaïsme.

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Aux élites responsables

Aux nantis, ceux qui détiennent le savoir ou l’avoir, qui investissent ou qui s’investissent dans l’innovation ou dans la modernisation d’Haïti. Ceux qui aspirent à un Etat moderne, compétitif et efficient, où tout individu dispose d’enseignement de qualité allant des maternelles jusqu’aux cycles postdoctoraux des universités, de couverture sanitaire universelle, et d’emploi de qualité. Ceux qui aspirent à un territoire bien aménagé, dont la flore, la faune et les cours d’eaux sont protégés, dont les villes et les littoraux sont propres, éclairés, et dotés d’infrastructures conformes aux normes urbanistiques modernes telles que : l’industrialisation et le logement de masse dans des conditions décentes et sécuritaires, la disponibilité de l’énergie, de l’eau courante, du transport de masse, de la collecte, de l’évacuation et le traitement des eaux, des déchets, et d’autres résidus. Ceux qui rêvent avant tout d’un Etat souverain, où règne l’état de droit, et où les élections sont libres, équitables et régulières. En d’autres termes, tous ceux qui croient qu’Haïti peut non seulement devenir un Etat moderne mieux que les Etats-Unis par exemple, mais aussi le meilleur pays de toute la surface du globe.

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Je pense ainsi à ces patriotes éclairés qui refusent de plier l’échine, dont certains ont été emprisonnés, torturés, exilés, exécutés ou assassinés dans le but d’en terroriser d’autres. Je pense aussi à ces agents rationnels du système économique qui subissent la tyrannie des truands, des trafiquants, et des politiciens, et qui à tort ou à raison pâtissent de la réputation radioactive de leurs pairs privilégiés.

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Les obstacles qui jalonnent votre chemin sont nombreux. Ignorés, incompris et malaimés, vous semblez perdre toute confiance en vous-mêmes. Je vous adresse ces mots d’un prodigieux artiste américain parti trop tôt : « Vive la rose qui a grandi dans le béton sans que personne ne s’en soucie. Ne vous demandez pas pourquoi la rose a-t-elle des pétales endommagés, alors que vous devriez au contraire célébrer sa vivacité, sa ténacité… »

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Aux pessimistes impénitents

Au préalable le titre de la présente rubrique a été plutôt : « Aux sceptiques impénitents. » Il a été remplacé dans le but de préserver certaines nuances sémantiques voire ontologiques. Dans une analyse des différentes étapes du doute sceptique, le philosophe roumain Emil Michel Cioran les compare à la négation qu’il considère comme le concept central du pessimisme. Sur le plan ontologique et épistémologique, le scepticisme n’est alors pas une pratique à elle seule, mais comme le fondement du pessimisme. Le pessimisme est une philosophie du sujet alors que le scepticisme est un doute de l’être. Du scepticisme au pessimisme s’intercale un spectre d’idée et de comportements aussi vaste que la gamme de couleur dans le spectre électromagnétique, ou aussi nombreux qu’il y a de valeurs qui existent entre zéro (0) et un (1) dans l’ensemble des réels  par exemple. Autrement dit : l’infini.

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Tout est dans la mesure cependant. Des sentiments comme le doute, la méfiance, le manque de confiance en soi, ou le complexe d’infériorité, altérés ou subjugués parfois par des émotions totalement inverses semblent rythmer le quotidien haïtien. Le premier groupe de sentiments ou d’émotions rend très difficile toute forme d’organisation effective, alors que le deuxième en fait des proies faciles, et les prédateurs ne s’en privent pas. S’il faut convenir que beaucoup d’autres peuples présentent ces mêmes tares, il importe de noter qu’Haïti a été et demeure un Etat exceptionnel. Deuxième Etat du nouveau monde, le premier fondé par des esclaves devenu soldats, Haïti est le premier Etat à répudier et abolir l’esclavage sans considération aucune.

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Haïti peut devenir non seulement un meilleur Etat que les Etats-Unis, mais le meilleur du globe. Contrairement à ce que pensent certains américains, ce n’est pas Abraham Lincoln qui a affranchi les Haïtiens.  Il revient aux fiers Haïtiens de décider si Haïti va continuer à se comporter comme la Gambie, la Corée du Nord ou l’Arabie Saoudite, plutôt que la Norvège, l’Allemagne ou le Danemark, pour n’en citer que ceux-là.

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Aux damnés de la patrie

Aux déshérités qui souffrent sans se plaindre, qui croupissent en silence dans des conditions infrahumaines au nom de la foi, de l’ignorance, de la fierté ou d’une certaine dignité. A tous ceux-là qui à l’instar de la théorie du bouc émissaire, se flagellent, se culpabilisent ; je leur dirais, parodiant Jacques Roumain, que ce n’est pas Dieu qui abandonne le peuple, c’est le peuple qui abandonne la patrie à ses fossoyeurs.

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Nous sommes un paradoxe, nous sommes des victimes expiatoires et une relique vivante à la fois. Nous sommes le clou qui dépasse sur lequel on tape. Nous avons inspiré les révolutionnaires les plus redoutables du monde.  On s’acharne contre Haïti parce que nous demeurons défiants et redoutables. Nous avons inventé l’humanité, on essaye de l’occulter pour nous en priver le mérite, et pour continuer à subjuguer d’autres peuples, ou d’autres communautés.

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Après la révolution de 1804, toutes les puissances mondiales, impérialistes, et esclavagistes, se sont liguées pour nous anéantir. Deux siècles plus tard, il subsiste une crainte obsessionnelle, voire irrationnelle d’Haïti. La guerre est asymétrique, les armes sont inégales, mais la patrie demeure défiante et résiliente.  L’armée indigène a été la première à surmonter et vaincre l’esclavage pour fonder un nouvel Etat. Il incombe aux dignes héritiers de ses soldats de s’armer pour éradiquer la tyrannie, la misère, la pauvreté, l’obscurantisme, etc.

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Aux optimistes irrationnels

Celui qui n’est riche que dans son imagination n’est qu’un misérable, face à un sans-abri. En 2011, Haïti passe d’un Président insignifiant et inconséquent à un autre. Celui-ci ne cesse de clamer comme il est riche, illettré, il fait de l’avoir son étalon ou le seul moyen de se jauger ou se mesurer à ses détracteurs. Pourtant comme ces prédécesseurs il a profité de son accession à la présidence pour subir une intervention chirurgicale avec apparemment beaucoup de retard. Comble d’ironie, quelques jours plus tard, suite à des complications, ce richissime imaginaire est transporté en catastrophe en Floride à bord d’un avion commercial entre deux sièges, comme un réfugié humanitaire sous le regard perplexe des passagers. L’usage d’un avion de ligne, tout à fait contre-indiqué dans un cas pareil, confirme le misérabilisme de la santé publique dans le pays où même le Président n’est pas à l’abri des charlatans.

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Malheureusement, ces individus sont légions dans le pays. Ils grossissent les rangs des kleptocrates après chaque vague électorale. Par leur arrogance, ils tentent de cacher leur précarité et leur angoisse face à l’incertitude du futur. Les postes sont attribués et révoqués comme sur un convoyeur en vue de s’assurer que chaque proche ou ami bénéficie de la manne gouvernementale dans le laps de temps du mandat Présidentiel. Cette pratique de roulement est pire que la chaise musicale, ces agents politiques se succèdent sans réalisation aucune. Ainsi, le trésor public constitue la seule caisse d’assistance sociale et de retraite destinée au profit exclusif des politiques et de leur proches, ils font tout pour préserver ces privilèges, au détriment même de l’Etat qu’ils sont censés servir. Les fonds de pension de la TELECO et des FAD’H ont été dilapidés- le cas de l’ONA est encore courant - sans qu’aucun des truands ne soit inculpé, voire jugé ou condamné.

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A part ces parasites qui vivent exclusivement au détriment du trésor public, il existe aussi en Haïti, quelque cas épars d’opulence presqu’ostentatoire. Malheureusement, ils doivent se faufiler tous les matins et tous les soirs à travers des rues cahoteuses, mal tracées et insalubres. Ils se croient en sécurité mais en réalité ils demeurent très vulnérables. Ils se croient privilégiés mais leur condition est très précaire car le service ou l’infrastructure d’urgence médicale qui pourrait leur sauver la vie en cas d’une crise fulgurante n’existe même pas.

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En seraient-ils conscients ? Pour certains d’entre eux, la réponse est catégoriquement positive, il leur manquerait sans doute des interlocuteurs crédibles et rationnels. Aussi, est-il sans doute temps que l’intelligentsia c’est-à-dire les citoyens modernes et les plus éclairés s’organisent et leur tendent la main tachant de dissiper tout doute quant à leur bonne foi. Il faudra compter sur eux comme les Etats-Unis ont pu compter sur Andrew Carnegie, JP Morgan, William Larimer [Larry] Mellon Jr, pour n’en citer que ceux-là. Ces derniers ont favorisé ce que l’on appelle encore l’âge d’or des Etats-Unis (de l’anglais : gilden age).

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L’assistance, l’aumône ou la charité n’élève pas une nation. Une nation créée depuis plus de deux-cents ans ne devrait pas compter sur le programme de Objectifs du Millénaires des Nation Unis pour lui construire des latrines, installer des pompes à bras de quelques litres par minute, ou soigner ses enfants atteint de Kwashiorkor. La première école de médecine de Port-au-Prince a été créée en 1830, et le Lycée A. Pétion a été construit en 1816. Après deux siècles, aucune réalisation dans le domaine de l’éducation n’est comparable à celles-là. Au cours de ce dernier quart de siècle, près de cinquante (50) milliards de dollars ont été gaspillés, le pays va de mal en pis, pas une seule université, le pays est dépourvu d’infrastructure adéquate dans tous les domaines. Depuis 1986 des étudiants de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) réclament la construction et l’établissement d’un campus à la Croix-des-Bouquets, comble d’ironie on y a construit une prison. Vive l’aide !

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Il existe une légende tenace qui voudrait que les autruches se cachent leur tête dans le sable pour se croire à l’abri d’un danger qu’ainsi elles ne voient plus. Ils sont légion ceux qui pratiquent cette politique en Haïti. Ceux-ci préfèrent répéter qu’Haïti a atteint le fond et n’a donc d’autre choix que de rebondir, ils se trompent, car c’est le règne de la bêtise. La différence entre le génie et la bêtise, c'est que le génie a des limites, disait Robert Byrne. L’on pourrait tenter une autre analogie pour expliquer comment le pays ne rebondira pas de lui-même. L’américain Edwin Hubble a été le premier à réaliser en 1920 que l’univers n’est pas statique, indiquant que l’expansion de l’espace connait des accélérations depuis le Big Bang, il y a environ 13.7 milliards d’années. L’espace s’étire à un taux de 74.3 plus ou moins 2.1 kilomètres par second par mégaparsec ; un mégaparsec mesure environ 3 millions d’années lumières. Autrement dit, le rebondissement attendu serait aussi probable qu’un hypothétique rebondissement de l’univers et par ricochet de la voix lacté, du système solaire, et finalement de la terre incluant Haïti.  Ce rebondissement s’il est plausible résulterait plutôt en une totale destruction de l’univers ou en un autre big bang.

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La richesse ne garantit par la gouvernance, mais la gouvernance peut générer la richesse. Les acteurs les plus influents de la politique haïtienne semblent privilégier le contraire. Toute avalanche de richesse dans ces conditions risque d’enfoncer le pays dans le chaos. L’effet de la richesse provenant du trafic ou du transit du narcotique est suffisamment lourd et tangible. Le narco trafic est l’une des causes qui ont conduit au démantèlement des Forces Armées d’Haïti (F’ADH). Le venin de ce trafic a déjà médusé la police nationale, il rend la justice inefficace, et le parlement n’est qu’un sanctuaire pour des trafiquants en quête d’immunité, alors que l’exécutif, y compris le Président joue le rôle de garde-manger.

Le sénateur américain de l’Arizona John McCain qui a perdu des Présidentielles de 2008 face à son collègue Barak Obama, ironiquement présente la Russie « comme une station d’essence déguisée en Etat ». Que dirait-t-il alors d’Haïti, si les sources concordantes et persistantes faisant état de réserves de pétrole et d’autres ressources dans le sous-sol d’Haïti se confirment ? Si ces révélations sont avérées, lorsque les exploitations auront lieu, Haïti risque d’être un désastre humanitaire et écologique aux conséquences incalculables que le séisme de janvier 2010 et le choléra réunis auront du mal à rivaliser. Autant que le narco trafic, la richesse générée par ces exploitations serviraient à soudoyer les individus au pouvoir en vue de prévenir toute action de la justice, accélérant ainsi la descente aux enfers des Haïtiens.

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Il existe encore un autre fléau, mais personne n’en parle. C’est le terrorisme qui menace de jeter Haïti dans le gouffre. Le trafic de narcotique a prouvé que les instances du pouvoir sont extrêmement perméables. Pendant la période de guerre froide, une anecdote veut qu’un agent secret parlant français par exemple se transporte en Allemagne pour appeler un correspondant en Union Soviétique déroutant ainsi la personne qui est chargé d’écouter la conversation en URSS. Il ne fait aucun doute que les groupes terroristes internationaux sont de plus en plus riches. Employant la tactique précédente, ils utilisent souvent les narco trafiquants pour attendre certains objectifs sans éveiller de soupçons. Considérant la proximité d’Haïti à de grand centre d’intérêts occidentaux, il suffit de relier les points entre narcotique et terrorisme internationaux pour que de paisibles haïtiens connaissent l’enfer quotidien des palestiniens, des yéménites ou des syriens sur qui pleuvent des missiles et autres bombes en guise de représailles des Etats voisins et de leurs alliés s’estimant victimes ou menacés.

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Aux templiers de l’inconscience

Ces aliénés se réjouissent dans l’indignité, dans l’ignorance, et dans l’arrogance, se complaisent dans l’insalubrité, se déambulent dans la boue infecte, le fatras ; sans eau courante, sans électricité, sans services de secours, sans services sanitaires, etc. Politiciens, trafiquants, négociants, ou lumpen-intellectuels, ignorant la misère et la souffrance des autres au nom de certains intérêts immédiats et précaires, ils sont leurs propres fossoyeurs.

Lorsque vers 1697 à Saint-Domingue, des aliénés sacrifiaient, mutilaient l’existence de nombreuses générations d’hommes, de femmes, et d’enfants, aussi intelligents et aussi sensibles qu’eux, et aspirant au même bonheur qu’eux, ils ne se doutaient nullement que par leur inconséquence ils planifiaient, près d’un siècle plus tard, la destruction ou le malheur et la décapitation des leurs.

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En théorie des jeux, les acteurs sont réputés rationnels ; ils ne prennent jamais de décisions contre leurs propres intérêts. L’absence de pensée et l’incapacité de résister à des intérêts immédiats et précaires conduisent généralement au désastre. Le concept d’allié objectif désigne le dilemme où un acteur doit agir en faveur d’un autre, envers qui il peut ou ne pas avoir d’affinité.

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Certains semblent confronter ce dilemme. Puissent-ils léguer à leurs petits-enfants et à leurs arrière-petits-enfants une patrie où ils peuvent s’épanouir en toute quiétude. Mais ceci n’est qu’utopie, tant que tous les enfants d’Haïti, sans exclusive aucune, ne bénéficient des mêmes opportunités. Si cette situation délétère perdure, le brutal réveil qui se profile ne sera favorable à personne, bien ou mal veillant. Pour en changer le cours, les plus avisés sont contraints d’initier le dialogue.

La théorie du continuum nation-Etat augure l’avènement d’un nouveau paradigme qui réconcilie les deux théories fondamentales de gouvernance : le modèle conceptuel formel de gouvernance qui relève de la cybernétique, couplé au modèle organique ultime de gouvernance qui relève de la théorie de l’évolution des systèmes complexes adaptifs. Haïti en est un cas d'étude précieux, l’auteur y a consacré des dizaines d’années à l’observer et à le comprendre en vue de modéliser son comportement de façon objective. Néanmoins, le modèle se veut universel et s’applique invariablement à d’autres Etats, notamment ceux de l’Amérique latine et de l’Afrique en particulier.

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D’une façon générale cependant, les Etats apparemment les plus robustes ne sont guère à l’abri de situations chaotiques. La diversification ethnique des peuples, des nations ou des Etats se révèle pratiquement inéluctable. Face au déferlement de migrants arrivant d’Asie et d’Afrique, des Etat Européens qui se montraient jusque-là très stables semblent souffrir aujourd’hui d’une fébrilité non dissimulable.

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Aux Etats-Unis par exemple, où l’intégration ethnique fait bien partie des politiques publiques, les minorités ethniques tendent à devenir une majorité de minorités, dans un avenir pas trop lointain. Les populistes américains jouent la carte des « blanmannan ». A Saint-Domingue, ancienne appellation coloniale d’Haïti, le terme créole de « blanmannan » indique la stature inférieure des petits ou non propriétaires de souches caucasiennes. En plein 21e siècle et au cœur des Etats-Unis, la stature sociale de ces individus semble figée depuis le 16e siècle. Néanmoins, sans éducation et sans nul droit de posséder des esclaves, ils sont incapables de se rendre compte qu’ils en constituent les nouveaux. Désabusés, ces simples d’esprit sont des proies faciles aux mains des néo-conservateurs. Taillables et corvéables à merci, ils pensent avoir été victorieux des élections du 8 novembre 2016. Pour eux cependant, il ne reste que la bible, des armes, et plein d’illusions comme seul trophée. Alors que leurs manipulateurs - leurs prédateurs - récoltent le pouvoir, s’octroient de plantureux bénéfices et accumulent des millions, voire des milliards de dollars.  

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L’autre géant nord-américain, le Canada, dispose du plus grand territoire du globe après la Russie, il est suivi de la Chine et des Etats-Unis. Sa superficie fait cinq fois celle du Mexique. Ainsi, cet Etat d’Amérique du Nord dont la population fait seulement un dixième de celle des Etats-Unis et un tiers de celle du Mexique ne peut guère échapper à l’inexorable phénomène de l’entropie politico-démographique.
 

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